Vegan, sans gluten, hyperprotéiné : healthy ou juste influencé ?

Les tendances alimentaires : plus influencées que réfléchies ?

Les modes et les tendances ne sont plus réservées à la Fashion Week ou à l’Office fédéral de la statistique. Elles s’invitent désormais dans nos assiettes. Chaque jour, on nous recommande une nouvelle manière de manger. Et par régime, entendons ici une façon spécifique de s’alimenter — pas forcément une restriction calorique à visée minceur (linguistique un jour, linguistique toujours).

Les 2 problèmes majeurs que je constate ?

D’abord, une mode est, par définition, passagère. Elle débarque, fait sensation, puis disparaît. Ce qui fonctionne aujourd’hui sera peut-être ringard demain.

Ensuite, une tendance signifie simplement qu’un grand nombre de personnes font la même chose. Elle repose sur de la quantité, pas sur de la qualité. Quand la majorité adopte un comportement sans vraiment le comprendre, on tombe dans le mimétisme pur. Si tout le monde le fait, c’est que ça doit être bien, non ?

Moutonisation de la société : 1 — esprit critique : 0.

3 exemples, 3 phénomènes

Les trois exemples que j’aborde ici auraient pu être remplacés par bien d’autres. J’ai choisi ceux-là parce qu’ils sont particulièrement à la mode en ce moment. Mais au-delà de leur popularité, ce sont surtout les mécanismes qu’ils révèlent qui m’intéressent : entre idéologie déguisée, raccourcis faciles et illusion de mieux faire, ces tendances soulèvent des dérives plus profondes qu’il n’y paraît.
Alors, plongeons ensemble dans quelques notions poussées dans des extrêmes… mais terriblement actuelles.

Le véganisme ou la métaphore du militantisme

Être vegan, ce n’est pas juste un mode d’alimentation. C’est souvent un état d’esprit, une posture, une philosophie de vie. Derrière le tofu et les falafels se cache un message plus large : dénonciation de la cruauté animale, urgence environnementale, remise en question du système de production. Le discours dépasse l’assiette.

Le problème surgit quand le débat se transforme en guerre de tranchées.

Le végane vous hurlera que vous êtes un tueur sans cœur si vous continuez à manger des œufs.
Le carnivore vous renverra au rang de hippie sous acide si vous osez commander un plat sans bacon.
Chacun milite, chacun juge, chacun pense détenir LA vérité.

Mon souci, ce n’est pas l’alimentation végane en soi. Pour info, je suis végétarienne depuis des années — pas végane, mais clairement alignée avec les raisons éthiques, sanitaires et sportives qui justifient mon choix.
Je m’y retrouve. Ça fonctionne. Mon énergie, ma récupération, ma conscience : tout colle.

Mais si je voulais prouver mon point de vue avec des études, je pourrais en sortir dix qui affirment que le végétarianisme est la meilleure alimentation pour la santé, puis dix autres qui affirmeront strictement l’inverse.
La science même se contredit! Du coup, si elle ne tranche pas, pourquoi le ferait-on à sa place ?

À un moment donné, il faut juste choisir ce qui fonctionne pour soi. Ce n’est ni une question de mode, ni un jeu de pouvoir.
La manière dont vous vous nourrissez ne regarde que vous. Mangez ce qui vous convient, mais fichez la paix aux autres.
Que vous soyez un tueur d’animal sanguinaire ou un mangeur de fleurs, chacun sa tambouille.

Shaker de prot’ ou accessoire de statut ?

Si pour vous, protéines riment avec Schwarzenegger – ou avec Thibault InShape pour les plus jeunes, même si la comparaison me semble un peu tirée par les cheveux – c’est que vous rangez la prot’ dans la case force, muscle et anti-gras.

Et soyons clairs : vous n’avez pas complètement tort.
Les protéines jouent un rôle clé dans la réparation et la construction des tissus musculaires. Jusque-là, tout va bien. Mais comme souvent, ce n’est pas la fonction qui pose problème. C’est ce qu’on en fait.

Aujourd’hui, on voit des shakers ultra-protéinés partout. À la salle, au bureau, dans les sacs à main. C’est devenu un symbole. Une sorte d’accessoire de statut nutritionnel.
Boire un shaker, c’est comme dire : “Regardez-moi, je prends soin de moi, je maîtrise ma nutrition, je suis un athlète.”
Même si vous passez votre journée assis, à engloutir 40g de prot’ sans savoir ce que votre corps peut en faire.

Et malheureusement, votre précieux corps ne peut pas toujours intégrer ce que vous lui donnez.
Même chez les costauds de 100 kilos, l’assimilation plafonne autour de 30 à 40g par prise. Au-delà, ce n’est pas magique, c’est juste inutile et ça surcharge le corps.

Et pourtant, la protéine est devenue la nouvelle solution miracle pour… tout.
Construire du muscle ? Prot’.
Perdre du poids ? Prot’.
Avoir une haleine de chacal ? Prot’.

Pourquoi ce culte ? Parce que ça sonne sérieux. Sportif. Efficace.
Parce que ça donne l’illusion qu’on agit, qu’on contrôle, qu’on “optimise”.
Alors on mise sur des poudres hors de prix, blindées d’additifs et de promesses, sans se poser une seule question sur les fondamentaux.

Le vrai problème, c’est qu’on veut sauter les étapes.
Avant de parler de suppléments ou de protéines isolées, commencez par une hygiène de vie solide.
Des repas structurés. Des habitudes stables. Une alimentation cohérente.
La base, quoi.
Ca impressionne moins à la salle et dans les discussions, mais c’est ce dont votre corps et votre esprit ont besoin.

Et surtout, apprenez à comprendre ce que vous avalez, et pourquoi vous le faites. La nutrition, ce n’est pas une formule magique. C’est une logique. Et une responsabilité.

Gluten: l’ennemi à abattre ?

Longtemps, le gras a eu le mauvais rôle. Puis le sucre. Aujourd’hui, c’est le gluten qui trinque.
On le soupçonne de tous les maux : fatigue, problèmes digestifs, acné, mauvaise humeur, contre-performances sportives. Il manquerait plus qu’il soit responsable du réchauffement climatique, et on aurait bouclé la boucle.

Mais le vrai problème, ce n’est pas le gluten.
C’est ce que vous pensez résoudre en l’éliminant, sans même comprendre ce que vous mangez à la place.

Car oui, certaines personnes doivent absolument l’éviter pour des raisons médicales. Mais dans la majorité des cas, supprimer le gluten n’est rien d’autre qu’un raccourci mental.
Un tampon healthy collé sur un choix qu’on espère vertueux.

Sauf que si c’est pour remplacer une tranche de pain complet par un substitut sans gluten ultra-transformé, bourré d’additifs, de conservateurs et de sucre, on n’a fait que déplacer le problème.

Le souci, ce n’est pas le gluten.
C’est l’alimentation industrielle.

C’est le fait de ne plus savoir ce qu’il y a dans notre assiette, et de chercher des solutions toutes faites au lieu de réfléchir à son alimentation globale.

Manger sans gluten, ce n’est pas automatiquement manger mieux.
Ce n’est pas automatiquement plus digeste, plus sain, ou plus efficace.
Ce n’est pas un label de qualité. C’est juste une absence de gluten.

Ce phénomène reflète un réflexe bien ancré : celui de chercher la solution miracle au lieu de s’attaquer au vrai sujet.
Remettre en question son alimentation dans son ensemble, apprendre à lire une étiquette, cuisiner un minimum… tout ça demande du temps. Et parfois un peu de budget. Mais surtout, ça demande un effort.

Et c’est là que beaucoup préfèrent accuser un composant précis plutôt que de revoir leurs habitudes de fond.

Soyons clairs : si vous souhaitez réellement améliorer votre alimentation, il faudra accepter de changer certaines choses. Oui, cela signifie parfois investir un peu de temps ou d’argent. Mais c’est aussi cela, prendre soin de sa santé.

Si en revanche vous n’avez pas envie de faire cet effort, c’est un choix.
Mais dans ce cas, inutile de pointer du doigt un ingrédient à la mode ou de blâmer un composant isolé.

Ce n’est pas le gluten, le lactose ou un additif X ou Y le véritable souci.
C’est souvent le contenu global de votre assiette, le degré de transformation de vos produits et le manque d’investissement dans votre alimentation quotidienne.

Vous l’aurez compris, la nutrition est à la fois un sujet simple et complexe. Simple car en adoptant de bonnes habitudes et en se focalisant sur notre hygiène de vie, on peut s’assurer de soutenir notre corps, notre esprit et notre santé. Complexe car à l’heure actuelle, la tendance est au raccourci, aux termes savants et aux régimes miracles qui vous promettent des résultats dans la demi-heure.

Alors avant de suivre une tendance ou d’éliminer un aliment, demandez-vous simplement : est-ce que je comprends ce que je fais, et pourquoi je le fais ?

Bon appétit,
Mélanie

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