En guise de tout premier article, j’aborde aujourd’hui un sujet qui nous touche tous au quotidien, et auquel nous ne prêtons probablement pas assez attention. À l’heure où tout est conçu pour capter notre précieuse attention justement, il n’est pas surprenant que nous passions à côté de certaines choses pourtant essentielles.
Songez à ce que vous évoquent les images du diaporama ci-dessus. L’une d’elle vous a-t-elle fait penser à des vérités générales que nous connaissons tous ? Boire des jus après les Fêtes, manger de la prot’, avoir une balance calorique négative pour perdre du poids… tout ça, ça vous parle ? Logique, non ? Tout le monde le sait, tout le monde le dit !
Bien. Permettez-moi de vous demander si vous vous êtes déjà posé la question de la provenance de vos informations ? D’où vous viennent vos certitudes, les recommandations que vous suivez scrupuleusement ? D’un professionnel de la santé, de Google, de votre médecin, d’Instagram, de vos proches, d’une émission télévisée ?
Vous l’aurez compris, l’objectif de cet article est de vous amener à vous questionner sur vos connaissances dans le domaine de la santé. Aujourd’hui, il est facile, trop facile d’obtenir toutes sortes d’informations sur à peu près tous les sujets possibles et imaginables. Un post est lancé sur les réseaux sociaux, repartagé une fois, deux fois, trois fois, et en l’espace de quelques heures, une information s’établit comme la nouvelle référence.
Plus inquiétant encore, une étude de l’Office fédéral de la statistique (suisse) relève que nous ne sommes qu’une petite moitié d’internautes à vérifier les sources d’informations que nous considérons pourtant comme de la désinformation (pour le détail de l’étude et la source de l’information (c’est dans le thème!), c’est par ici).

Pas de panique : certaines informations sont avérées, même si d’autres ne le sont pas. Plusieurs sources de renseignements peuvent fournir de précieux conseils en matière de sport ou de nutrition par exemple. Malheureusement, un grand nombre d’informations erronées, sans fondement valide, sont véhiculées sur la toile et dans les conversations de tous les jours.
Le but de cet article n’est pas de démentir certaines tendances bien établies. Pour cela, je vous renvoie à différents articles qui seront prochainement publiés sur des thématiques plus spécifiques. En revanche, je vous encourage vivement à ne jamais cesser de vous questionner et à systématiquement vous questionner sur le bien-fondé des informations auxquelles vous êtes confronté. Les « tout le monde le dit » ou le fait qu’une majorité de personnes suivent une tendance ne doivent pas suffire pas à valider une information.

Comment s’y prendre, concrètement ?
Si vous ne savez pas comment vérifier vos sources, la checklist ci-dessous devrait vous aider à mettre de l’ordre dans votre flux d’informations :
- Renseignez-vous sur la personne ou l’entité qui transmet l’information. Est-elle certifiée dans son domaine ? Sur quoi s’appuie-t-elle pour affirmer ses propos ? Mieux et si possible : demandez-le lui.
- Posez-vous la question de savoir si vous avez pleinement compris le principe de fonctionnement de la méthode qu’on vous propose.
- Vérifiez que la méthode communiquée a fourni ses preuves et si oui, de quelle façon elle a été testée, par qui, et en suivant quel protocole.
- Faites vos recherches de votre côté pour vérifier si d’autres sources valident l’information ou si, au contraire, des contre-informations ont été publiées. Fiez-vous à des études scientifiques, publiées sur Google Scholar par exemple et ne présentant aucun conflit d’intérêt.
Voyons cela avec un exemple :
Pour exemplifier la démarche, je vous propose de suivre pas à pas un exemple véridique qui m’a été transmis. L’information est la suivante : en suivant un régime composé majoritairement de lipides (graisses) et de protéines, en évitant les glucides (sucres) et en consommant 1 200kcal par jour, vous perdrez 8kg en 3 semaines.
Reprenons les 4 étapes ci-dessus:
- L’entité qui véhiculait cette information était un cabinet de remise en forme spécialisé dans la diététique. Il véhiculait l’information via les réseaux sociaux. Aucun certificat ni diplôme n’est mentionné sur le site internet du cabinet en question, après vérification.
- La compréhension du message est que les lipides et les protéines font maigrir alors que les sucres et une consommation de plus de 1 200kcal par jour font grossir.
- La publicité affirme que plusieurs personnes ont perdu du poids avec succès en suivant cette méthode. Il n’est cependant pas possible de contacter l’un de ces clients directement.
- Bien que les 3 premières étapes devraient déjà vous mettre la puce à l’oreille sur la crédibilité de l’information, c’est réellement la 4ème étape qui apportera le plus de clarté sur la situation.
Je ne vais pas rédiger une longue explication sur le sujet de la perte de poids et cet exemple, car il dépasserait le champ de cet article. Je vous encourage vivement à faire l’exercice de la recherche d’informations de l’étape 4 mais, sympathie oblige, voici déjà dans les grandes lignes ce que vous devriez retirer de vos recherches:
- Aucune étude scientifique n’a jamais statué sur un apport calorique adapté à tout un chacun. Un homme de 80kg et une femme de 50kg n’ont évidemment pas les mêmes besoins caloriques l’un et l’autre. De même qu’un sportif ou un sédentaire ne consomment ni n’ingèrent la même quantité de calories.
- Il n’existe aucune preuve que la seule composition de notre alimentation impacte notre prise ou notre perte de poids: catégoriser les lipides et les protéines comme faisant perdre du poids, et les sucres comme en faisant prendre, est simpliste et insensé.
- Etre capable de calculer une perte de 8kg sur une période de 3 semaines relève de la divination. J’en reviens au point 1 qui mentionne que chaque individu est différent et qu’aucune méthode ne peut donner de résultats universels.
Avez-vous souri en lisant mon exemple ci-dessus ? Ou vous êtes-vous dit que personne ne pouvait croire ce genre de publicités, qu’il ne s’agit que de Marketing ?
Pourtant, des milliers de personnes souscrivent à des régimes similaires pour perdre du poids non pas chaque année, mais chaque jour. Et même si cet exemple vous a semblé très explicite, sachez que la désinformation est parfois beaucoup plus subtile.
Que vous évoquent ces 3 images ?

Celle du haut et celle de droite vous feront sans doute penser à la période des Fêtes de fin d’année, celle après laquelle le mot « DÉTOX » est sur toutes les lèvres, pas vrai ?
Cette fois, je vous laisse faire l’exercice présenté plus haut de votre propre chef, en partant de l’information suivante: « une détox est nécessaire après une période d’excès alimentaires » . Appliquez la démarche en 4 étapes et partagez le résultat de vos trouvailles dans l’espace commentaires ci-dessous.
Allez, je vous ne laisse pas non plus partir sans rien: vous reconnaissez l’organe en rose sur la photo ci-dessus ? Il s’agit du foie, l’organe de référence en matière de détoxication. À moins de souffrir d’une maladie l’affectant, le concept de détox…
Affaire à suivre ! Je me réjouis de découvrir le fruit de vos propres investigations, et bien entendu, je vous encourage à poursuivre la discussion sur cette page ou sur les réseaux sociaux.